Déesse de Bretonnie
Vénérée à travers toute la Bretonnie, mais presque inconnue partout ailleurs, la Dame du Lac est une déesse régionale. Elle représente la pureté, la noblesse et le courage face au danger. Elle est la dame idéale, celle que tout chevalier aspire à aimer ou à servir. Dans l'esprit de nombreux nobles, la Dame est la Bretonnie, son incarnation mystique.
À l'inverse de presque tous les autres dieux du Vieux Monde, la Dame se manifeste parfois, allant à la rencontre de ses adorateurs mortels. Tous les chevaliers du Graal l'ont croisée à l'acmé de leur quête et l'on dit que les Damoiselles du Graal sont également initiées par la Dame en personne, même si les intéressées y font rarement allusion. C'est ainsi que les portraits de la Dame sont homogènes. Elle apparaît comme une jeune femme d'une beauté surnaturelle, vêtue de blanc, un fin ruban d'or maintenant un voile lilial sur sa tête. Dans une main, elle tient le Graal.
La plus grande différence entre le culte de la Dame et les autres ordres religieux du Vieux Monde est que la déesse n'est associée à aucun prêtre ou initié. Au lieu de cela, ce sont les chevaliers du Graal, la fleur de la chevalerie bretonnienne, qui la servent. C'est aussi le cas des Damoiselles du Graal, ces femmes que l'on enlève à leur famille quand elles ne sont encore que des fillettes, avant d'être élevées par la Fée Enchanteresse, pour servir la Dame de leurs mystérieux pouvoirs.
Symbole
La Dame est représentée par deux symboles différents. Le premier n'est autre que le Graal. Les chevaliers du Graal ont bu à ce calice magique et l'on dit que les Damoiselles et Prophétesses du Graal tirent leur pouvoir de cet objet représenté par un gobelet en or flamboyant, au pied fin puis évasé.
Dans ses représentations, le Graal est souvent décoré de l'autre symbole de la Dame: la fleur de lys. Pourtant, ceux qui l'ont vu insistent sur le fait qu'il ne présente aucun ornement autre que sa forme gracieuse. La fleur de lis symbolise avant tout la pureté et, seulement ensuite, la Dame.
Souvent, la Dame du Lac est directement représentée, sur les bannières qui reprennent le modèle de celle qu'elle confia à Gilles le Breton, ou sur du vitrail. Avec le temps, les vitraux qui la représentent sont de plus en plus appréciés, car les rayons du soleil qui les traversent rappellent le nimbe qui entoure la Dame. La plupart des chapelles du Graal présentent de telles fenêtres.
Zone d'influence
La Dame est vénérée de par la Bretonnie, principalement par la noblesse. Les chevaliers, comme leurs dames, lui rendent hommage, et les Bretonniens qui évoluent à l'étranger restent généralement fidèles à leur déesse. La forte influence bretonnienne que connaissent les Principautés Frontalières a engendré la création d'un certain nombre de chapelles du Graal dans cette contrée, même si les Damoiselles semblent considérer qu'elle sort de leur sphère d'influence.
Tempérament
La Dame se charge de la protection de la Bretonnie par le biais de ses chevaliers. Leur courage et leur compétence martiale protègent le pays des ennemis extérieurs, tandis que leur noblesse et leur cheva¬lerie assurent la paix intérieure et la justice. Elle ne semble pas se soucier directement du sort des paysans.
Commandements
Les commandements de la Dame sont ceux de la chevalerie. Ceux-ci s'adressent aux hommes. Pour les femmes, les règles sont différentes.
- Observez l'humilité et l'innocence.
- Servez votre père et obéissez-lui jusqu'au mariage, puis observez ces mêmes règles avec votre époux.
- Portez assistance à ceux qui sont faibles et sans défense malgré eux.
- N'accordez votre grâce qu'aux plus nobles et preux chevaliers qui la désirent.
Les chapelles du Graal
Les temples et sanctuaires de la Dame sont appelés chapelles du Graal et ne sont édifiés que sur des sites où la Dame s'est présentée en personne devant l'un de ses adorateurs. Le plus souvent, il s'agit de lieux où l'un des chevaliers de la Quête fut autorisé à boire au calice sacré, devenant de ce fait chevalier du Graal.
Les chapelles du Graal étant presque toujours construites par la noblesse, elles sont pour la plupart en pierre et d'une architecture vertigineuse où abondent les voûtes en ogive et d'importants vitraux. Chaque chapelle prend la forme d'une grande salle au plafond haut. On y accède par une porte à une extrémité, tandis que des fenêtres garnissent les murs latéraux et qu'un large vitrail est disposé sur le mur qui fait face à la porte. Les vitraux colorés qui représentent la Dame, ses serviteurs et les exploits chevaleresques constituent la décoration principale. Toutes les chapelles du Graal se dressent face à la forêt de Loren, demeure de la Fée Enchanteresse et lieu où la plupart pensent que sont formées les Damoiselles du Graal. Ces temples sont donc orientés vers le sud-est dans la plupart des régions de Bretonnie, ce qui signifie qu'ils sont également généreusement baignés par le soleil sur ce front.
Le vitrail principal représente presque toujours la Dame, mais dans certains sanctuaires plus modestes, il arrive que n'y soit symbolisé que le Graal ou la fleur de lis. Les autres fenêtres dévoilent une sorte de fresque qui part du grand vitrail pour rejoindre la porte. La fenêtre qui domine la porte est souvent d'une forme qui rappelle la fleur de lis et n'est presque jamais agrémentée de verre coloré.
Chaque chapelle du Graal est normalement placée sous la responsabilité d'un chevalier du Graal. Celui-ci doit la protéger, l'entretenir et illustrer les valeurs de la Dame. Dans la pratique, de nombreux chevaliers du Graal érigent ces sanctuaires sur le site qui les a vus rencontrer la Dame, c'est pourquoi il existe bien plus de ces chapelles que de chevaliers pour les garder. En outre, la plupart des chevaliers du Graal passent leur existence à servir leur seigneur ou à battre le pays pour combattre le mal. Seuls quelques-uns, les chevaliers ermites, choisissent de consacrer leur vie à veiller sur une chapelle du Graal.
Quand il est responsable d'une chapelle, le chevalier du Graal prononce un court sermon chaque jour de la Dame (c'est ainsi que l'on nomme les jours fériés en Bretonnie) et les habitants des alentours sont tenus d'y assister. Les chevaliers du Graal ne sont pas choisis pour leurs talents oratoires, mais nombre d'entre eux sont persuadés qu'il leur faut faire un effort, si bien que les longs sermons sans queue ni tête sont extrêmement courants. Le reste du temps, la chapelle est ouverte à ceux qui veulent prier ou méditer, mais le Roy ne tolère pas qu'on y traîne sans raison.
L'entretien de certaines chapelles est assuré par des pèlerins du Graal et des pèlerins exaltés, qui rendent souvent hommage au reliquaire du chevalier du Graal qui fonda le temple. Ces sanctuaires reçoivent le même traitement que les chapelles gardées par des chevaliers du Graal, si ce n'est que les sermons s'avèrent souvent meilleurs, les chefs des pèlerins étant, quant à eux, choisis pour leur éloquence.
Certaines chapelles sont sous la garde de nobles qui ne sont pas chevaliers du Graal. En général, elles furent fondées par un ancêtre du noble en question. Dans certains cas, l'entretien du temple fait partie des devoirs associés au fief. Une poignée de chapelles, seulement, sont entretenues par des Damoiselles et Prophétesses du Graal. Il s'agit des plus saints de ces temples, des destinations populaires auprès des pèlerins.
Mais de nombreuses chapelles sont laissées à l'abandon. Elles tombent alors en ruine, à moins de servir d'entrepôts aux paysans. Vu qu'elles sont en pierre, elles sont souvent les bâtiments les plus robustes du village. Les chevaliers du Graal voient d'un mauvais œil l'utilisation que peuvent en faire les paysans, à une exception près: quand ceux-ci s'y réfugient pour éviter un assaut, auquel cas les chevaliers estiment qu'ils se mettent sous la protection de la Dame, véritable acte de piété. Il est rare que ces chapelles tombent en décrépitude, car la pierre est résistante et ces constructions ne s'effondrent que lorsque la structure est directement attaquée. En Bretonnie, seuls les aristocrates ont le droit de faire construire en pierre, et nul chevalier ne prendrait le risque de se faire prendre à voler des moellons sur une chapelle du Graal.
Le temple le plus sacré de Bretonnie n'est autre que la Première Chapelle, située dans l'enceinte du château de Bordeleaux. Fondé par Marcus de Bordeleaux, l'un des Compagnons du Graal, dans la prestigieuse salle où il reçut la visite de la Dame, ce temple posa les bases architecturales de toutes les chapelles du Graal à venir, si ce n'est qu'il fait face à l'ouest, car la salle était déjà orientée ainsi. Quelle que soit l'époque de l'année, cette chapelle est sous la garde d'une Prophétesse, d'au moins trois Damoiselles et d'un minimum de deux chevaliers du Graal. Tous les plus grands seigneurs de Bretonnie financent son entretien, mais le duc de Bordeleaux se fait une joie d'apporter la contribution la plus consistante.
Pèlerinages
Les fidèles de la Dame sont invités à faire des pèlerinages. La destination en est presque toujours une chapelle du Graal et doit se trouver relativement loin de la résidence du pèlerin. La Première Chapelle de Bordeleaux est pour beaucoup un site privilégié, à l'exception, bien sûr, de ceux qui vivent dans la cité.
Les nobles comme les paysans choisissent souvent de partir en pèlerinage pour marquer les événements importants de leur vie. Les mariages sont célébrés dans quelque chapelle lointaine, tandis qu'après des funérailles, la famille en deuil fait souvent un long périple religieux en hommage au défunt. La maladie et les blessures donnent souvent lieu à des pèlerinages, car nombreux sont ceux qui promettent un tel voyage en cas de rétablissement. Certaines personnes célèbrent également ainsi les anniversaires d'événements importants.
La piété ne suffit pas toujours. Les paysans ont besoin de la permission de leur seigneur pour voyager, sachant que certains nobles rechignent à leur accorder cette faveur. Mais même le plus mesquin aura bien du mal à refuser un pèlerinage matrimonial. Ainsi, pour la plupart des paysans, les pèlerinages sont l'équivalent de congés.
Dans la plupart des cas, la destination est une chapelle placée sous la garde d'un chevalier du Graal, dans l'espoir de recevoir la bénédiction de ce dernier. Les quelques chapelles qui sont confiées à des Damoiselles attirent davantage l'aristocratie, les paysans les évitant. Certains temples ont également acquis une bonne popularité et proposent désormais de nombreux services pour les pèlerins qui s'y rassemblent, dont des tavernes, auberges, théâtres et autres divertissements. La chapelle de la Lance Trois Fois Brisée, dans les montagnes qui dominent Parravon, est l'une des plus célèbres de ce type. Des pèlerins de toute la Bretonnie y affluent.